Loena Hendrickx vise une médaille au Mondial : “Je me sens plus à l’aise sur la glace que sur la piste de danse”
L’Anversoise de 24 ans figure parmi les favorites au podium mondial cette semaine à Montréal.
- Publié le 20-03-2024 à 11h04
Surprise pour Loena Hendrickx et Nina Pinzarrone au moment de découvrir la patinoire qui accueille le Mondial cette semaine à Montréal. L’anneau du “Bell Centre”, où évolue l’équipe de hockey sur glace des Canadiens en NHL, est moins large de quatre mètres que la majorité de ceux où les patineuses ont l’habitude de se produire.
Loena devra donc sensiblement adapter son programme. “Elle a besoin de beaucoup d’espace !” confirme Adam Solya, chorégraphe de la championne d’Europe. Qu’à cela ne tienne, l’Anversoise de 24 ans visera une nouvelle médaille dès ce mercredi, 17 h (22 h, heure belge) et vendredi (même lieu, même heure), après le bronze décroché l’an dernier, à Saitama.
Sacrée championne d’Europe mi-janvier, à Kaunas, l’Anversoise n’a plus concouru depuis lors, participant néanmoins à quelques spectacles sur glace, pour le plaisir, courant du mois de février.
”L’Euro était pour moi le principal objectif de la saison parce que je voulais absolument y décrocher l’or après ma deuxième place de l’année dernière, à Espoo, où j’ai livré la pire prestation de ma vie. Après Kaunas, la décompression fut à la hauteur de mon bonheur d’être enfin sacrée championne d’Europe… Si je ne me suis plus alignée en compétition, j’ai quand même gardé le rythme lors des quelques shows auxquels j’ai participé. Mais, ces dernières semaines, j’ai ressenti une certaine fatigue aux entraînements.”
Ce qui n’empêche pas l’Anversoise de se montrer ambitieuse. À juste titre ! Loena Hendrickx se présente, en effet, avec le quatrième meilleur score (221,28 pts) des 35 patineuses engagées, derrière la Japonaise Sakamoto (236,09), double championne du monde en titre, et les Sud-Coréennes Lee (225,47) et You (223,23).
Mais, au-delà des chiffres, la vérité de ce Mondial sera une question de personnalité. Ce n’est pas un secret : l’aspect mental d’une telle compétition revêt une énorme importance. Et ce facteur s’accroît avec les années… Avec Kaori Sakamoto, âgée de 23 ans, Hendrickx (24 ans) figure parmi les plus âgées.
"L'été dernier, j’étais vraiment bloquée à chaque saut."
”On réfléchit beaucoup plus qu’avant et une faute peut coûter cher, explique l’Anversoise qui a traversé une période noire l’été dernier. J’étais vraiment bloquée à chaque saut et, surtout, je ne prenais plus aucun plaisir sur la glace.”
Un peu comme la gymnaste Simone Biles lors des Jeux de Tokyo. Pourtant bien entourée avec son frère, Jorik, comme entraîneur et Adam Solya, comme chorégraphe, Loena a alors appelé Éline Berings, ancienne athlète devenue psychologue, pour retrouver la confiance et ce fameux plaisir. Et le courant est passé.
Le contraire eut été regrettable pour l’Anversoise qui patine depuis sa plus tendre enfance. C’est, en effet, en accompagnant ses trois frères à la patinoire qu’elle a découvert la discipline. Larris et Rinze jouaient au hockey sur glace. Mais c’est Jorik, le patineur artistique, qui lui a donné l’envie de se lancer, à l’âge de quatre ans.
Si elle a trouvé son bonheur sur la glace, Loena a révélé récemment, dans le magazine “Humo”, avoir connu une enfance compliquée, persécutée qu’elle était par quelques “copines” de classe jusqu’à l’âge de douze ans, moment où elle changea d’école.
”À l’époque, je n’osais pas regarder les gens dans les yeux, parfois même ceux que je connaissais…”
Depuis lors, elle dispose d’un diplôme d’institutrice maternelle mais avoue n’être pas encore très sûre d’elle en dehors de la patinoire.
”Je ne me sens pas à l’aise sur une piste de danse, par exemple, alors que je m’épanouis sur la glace, où je me sens moi-même…”
Et puis, elle a dû s’habituer à l’attention des médias et à l’attente du public, grandissantes avec les résultats. Après une seizième place aux JO 2018, à Pyeongchang, suivie de deux ans de galère due à une blessure à la cheville, Loena Hendrickx s’est révélée aux JO 2022, à Pékin (septième), avant de devenir vice-championne du monde !
Un formidable résultat obtenu sans les patineuses russes suite à l’invasion de l’Ukraine, la Russie étant également ébranlée “sportivement” par l’affaire de dopage concernant la jeune Kamila Valieva. Mais Loena Hendrickx a pris le parti de penser que seules les médailles comptent, peu importent les circonstances, mais aussi de dire qu’elle en aurait peut-être décroché d’autres sans le dopage.
Avec cinq médailles, déjà, sur la scène internationale, deux mondiales et trois européennes, Hendrickx écrit bel et bien l’histoire du patinage artistique en Belgique. Reste à équilibrer la balance cette semaine, à Montréal.